jeudi 21 janvier 2016

L'APHG-LR soutien et s'associe à la démarche des enseignants Biterrois mis en cause par le maire de Béziers dans la réponse publiée par Midi Libre dimanche 17 janvier.

L'APHG-LR soutien et s'associe à la démarche des enseignants Biterrois mis en cause par le maire de Béziers dans la réponse publiée par Midi Libre dimanche 17 janvier.


 
Voici le texte de la réponse.

Monsieur le Maire,

Aux titres de citoyens et professeurs d’histoire du lycée Jean Moulin, nous vous avons adressé un courrier la semaine dernière.
Cette lettre, dont le ton était parfaitement courtois, était simplement destinée à attirer votre attention sur le fait que nul ne peut s’approprier un héritage historique à des fins de récupération partisane.
Votre réponse à notre encontre est plus que virulente.
Elle met en cause notre légitimité, nous assimile à des « porteurs de valises » et laisse entendre que « la vraie histoire » ne serait pas enseignée par ceux dont c’est précisément la charge et la mission au sein de l’École, et dont les qualifications sont octroyées et vérifiées par l’Université et les concours de recrutement.
Ce faisant, elle nous paraît en réalité constituer une attaque violente contre l’Institution éducative.
Sans nous réclamer de telle ou telle prétendue « vision de l’Histoire », nous y développions une argumentation précise qui se fondait sur vos propos publics.
Ils nous semblent souligner une instrumentalisation répétée et clivante de l’Histoire, allant jusqu’à créer la polémique autour de la figure consensuelle de Jean Moulin, homme de rassemblement entré dans la mémoire collective française car incarnant la Résistance.
Nous tenons néanmoins à vous tranquilliser et à vous rassurer sur l’enseignement de notre discipline : nous nous situons à mille lieues de l’information spectacle qui fait régulièrement la une d’une certaine presse par les polémiques qu’elle suscite.
Aussi, nous employons-nous à établir dans nos classes un climat serein autour d’activités pédagogiques sérieuses et rigoureuses visant, dans le cadre des programmes officiels et sous la totalité de leurs aspects, à mettre à la disposition de tous les questionnements issus de la recherche historique. Cette démarche est la seule qui soit susceptible de favoriser une meilleure compréhension de l’Histoire, de nourrir l’esprit critique des citoyens, le tout dans une sereine neutralité et le respect de chacun, conformes aux principes de la laïcité.
Recevez, Monsieur le Maire, nos meilleures salutations.
Pétition en ligne
Les professeurs d’histoire :
  • des lycées Jean-Moulin et Henri IV de Béziers, Marc Bloch de Sérignan,
  • des collèges Jean Perrin, La Dullague et Katia & Maurice Kraft de Béziers
avec le soutien de :
  • L’APHG (Association des Professeurs d’histoire-géographie)
  • Les Clionautes (Association nationale d’historiens et de géographes)
  • Les universitaires et chercheurs

samedi 16 janvier 2016

Communiqué de soutien aux professeurs du lycée Jean Moulin de Béziers




La régionale Languedoc-Roussillon de l’Association des Professeurs d’Histoire et Géographie (APHG-LR) apporte son soutien plein et entier aux professeurs des lycées de Béziers signataires de la lettre demandant au maire de la ville de cesser d’instrumentaliser l’histoire et particulièrement la figure de Jean Moulin dans un sens idéologique et sans fondements scientifiques.

L’APHG-LR, émanation régionale d’une association républicaine plus que centenaire, soucieuse de la transmission des valeurs démocratiques et des Droit de l’Homme à travers un enseignement de qualité de l’histoire et de la géographie, ne peut que s’associer aux vœux des collègues du lycée Jean Moulin. (La lettre est reproduite ci-après)  Chaque jour, dans leurs classes, ils transmettent des savoirs objectifs scientifiquement établis et nul ne peut mettre en cause leur valeur et leur professionnalisme.

Pour l’APHG-LR,
Richard Vassakos, président de la régionale, Jean-Philippe Coullomb, membre du bureau, professeurs dans des lycées du Biterrois.

La lettre des professeurs
Monsieur le Maire,
En ce début de 2016, permettez-nous, tout d’abord, de vous adresser nos vœux de bonne année. Par votre intermédiaire, nous les souhaitons aussi à tous les Biterrois.
Professeurs d’histoire- géographie et d’éducation civique, nous constatons depuis bientôt deux ans au travers des publications du bulletin municipal ou des interventions médiatiques du premier édile de notre cité, un “certain” intérêt pour l’Histoire et le patrimoine. En tant que professeurs et pédagogues, nous devrions nous en féliciter. Hélas, l’instrumentalisation et le retricotage de l’Histoire à des fins strictement polémiques confinent désormais à une orientation idéologique telle qu’il nous a paru relever de notre devoir de citoyens d’exprimer publiquement notre désaccord. Précisément parce que nous sommes des professeurs profondément attachés à la rigueur de la démarche historique.
Alors, en ce début d’année 2016, permettez-nous, Monsieur le Maire, au nom de l’ensemble (1) des professeurs d’histoire-géographie du lycée Jean-Moulin, de vous adresser les trois vœux qui suivent en forme de requêtes. Le premier vœu sera celui de l’apaisement et de la sérénité. Parce qu’"ici, c’est Béziers" et que la situation nationale est déjà suffisamment tragique, les Biterrois ont, plus que jamais, un besoin impérieux de concorde et de confiance en l’avenir. Aussi, débaptiser un nom de rue pour rouvrir des plaies et raviver de vieilles rancœurs en faisant de Béziers la vitrine de la réhabilitation de l’OAS ou créer un raccourci historique inapproprié en référence implicite à la crise des migrants, "quand les Barbares envahissaient l’empire romain (2)", ne nous paraît pas concourir à l’établissement d’un climat serein au cœur de notre cité. De la même manière, ressusciter d’entre les morts les poilus biterrois dans un mauvais tour de spiritisme lors de la traditionnelle commémoration du 11-Novembre et leur prêter une interrogation sur ce qu’ils diraient "en voyant certaines rues de nos communes où le Français doit baisser la tête ? (3)" nous paraît relever d’une utilisation pour le moins abusive et peut-être indécente de l’histoire. Parce qu’"ici, c’est Béziers", ville méditerranéenne de tradition républicaine pétrie de tolérance, le deuxième vœu sera celui du rassemblement et de l’unité : rassembler plutôt que diviser. Ainsi, tenons-nous à rappeler, Monsieur le Maire, que l’organisation de manifestations religieuses dans un espace semi-public ne s’inscrit pas dans la tradition laïque garante de cohésion sociale et protectrice des libertés. Nous savons que Mairie et École sont deux piliers fondateurs de notre République laïque ; en ce qui nous concerne, nous sommes scrupuleusement attachés au respect des obligations de réserve et de neutralité qui nous incombent sur notre lieu de travail et dans notre enseignement. De même, se réclamer de Charles Martel - "Je veux retrouver notre France, celle de Charles Martel" -, ne peut, selon nous, contribuer à renforcer l’unité des Biterrois. Au sujet de cette dernière et bien malheureuse référence historique (4), il convient de rappeler qu’en son temps, ledit Charles Martel fut le plus grand spoliateur de l’Église et surtout le bourreau de notre cité qu’il mit à sac, pilla et incendia en 737 (5).
Enfin, le troisième et dernier vœu sera pour nous le plus cher : celui du respect de la mémoire. Parce qu’"ici, c’est Béziers", nous devons paix, respect et déférence à la mémoire de Jean Moulin, enfant de Béziers et unificateur de la Résistance française."Trop souvent, ceux qui nous attaquent se dissimulent derrière la figure de Jean Moulin. Ces gens-là sont des faussaires", twittait le premier magistrat, le 9 décembre dernier, mettant en garde ceux qui voudraient récupérer l’héritage du plus célèbre des Biterrois. Mais quelques heures plus tard, le même jour, le premier édile poursuivait dans un autre tweet : "Dimanche, au nom de Jean Moulin, au nom de la République, nous ferons barrage à la gauche (6)".
Nous rappellerons, Monsieur le Maire, qu’en son temps, Jean Moulin - dont le père était professeur d’histoire à Béziers - avait fait le choix lucide et courageux de ne pas se soumettre à une idéologie reposant sur l’exclusion, la division et la fascination malsaine pour un passé idéalisé. Homme de tolérance et de conviction, il avait su rassembler autour de lui et du général De Gaulle, les résistants de toutes obédiences et de toutes origines, refusant de transiger avec le régime collaborateur de Vichy, dictature antisémite, xénophobe, régime d’ordre et d’exclusion aux antipodes de la République et de ses valeurs. Nous n’avons pas la prétention d’être les dépositaires de la mémoire de Jean Moulin. Mais nous savons que si son cénotaphe se trouve au Panthéon, c’est parce qu’il était le visage de la France républicaine.
Alors, Monsieur le Maire, de grâce, précisément parce qu’"ici, c’est Béziers", les citoyens que nous sommes, professeurs d’histoire- géographie du lycée de votre ville qui porte cet illustre nom, font le vœu, à l’orée de cette année 2016, que vous cessiez de "torturer" la mémoire de Jean Moulin et que vous laissiez ses mânes reposer définitivement en paix. Recevez, Monsieur le Maire, nos meilleures salutations.
1. Citoyens-professeurs du LPO auxquels se sont joints d’anciens citoyens-professeurs d’histoire-géographie ayant enseigné au lycée Jean-Moulin de Béziers.
2. Tweet de R. Ménard du 23/11/2015 recommandant l’article du Figaro-Histoire.
3. Extrait du discours de M. le Maire lors de la commémoration du 11 novembre 2015 : "Ceux qui sont morts pour sauver la France de la victoire allemande, que diraient-ils en voyant certaines rues de nos communes où le Français doit baisser la tête ?"
4. Extrait du discours de R. Ménard lors du meeting de Marion Maréchal-Le Pen, à Toulon, le 1er décembre 2015. Nous faisons le vœu, Monsieur le Maire, qu’au regard du triste sort de Béziers en 737, vous cherchiez encore longtemps "la France de Charles Martel".
5. Henri Julia, Histoire de Béziers, Paris, Maillet, 1845, page 22, reprint Éditions de la Tour Gile, Péronnas, 1997 et dom Claude Devic et dom Joseph Vaissette, Histoire Générale du Languedoc, Tome 1, édition accompagnée de dissertations & notes nouvelles, Toulouse, Édouard Privat, 1872, page 807.
6.Tweet du 9/12/2015 lors du second tour des élections régionales

mercredi 13 janvier 2016

Concours EUStory 2016: Verdun un lieu de mémoire européen

Concours EUStory 2016: Verdun un lieu de mémoire européen

 
Ce concours invite les élèves à faire des recherches sur l’expérience vécue au quotidien dans leur village, leur ville ou plus largement leur région ou en France, autour de la problématique „Verdun – lieu de mémoire européen“ et à mettre en perspective leurs recherches avec d’autres régions ou pays européens, de préférence en coopérant avec des partenaires/groupes d’élèves, correspondants en Allemagne. Le but de ce concours est d’étudier et d’inscrire l’histoire locale ou nationale dans l’histoire européenne à travers des récits personnels, ou de l’histoire de proximité des élèves. Les partenariats entre élèves de différents pays européens seront donc fortement encouragés. Elèves français et élèves allemands développeront ensemble les questions qu’ils veulent traiter. Ensuite, ils mèneront parallèlement l’enquête dans leurs localités respectives, poseront des questions aux différentes générations, feront des recherches dans les archives locales, afin de pouvoir par la suite échanger et étudier les similarités, les différences etc.
A partir de leurs recherches personnelles et de la comparaison des éléments trouvés dans leurs histoires respectives, ils évalueront l’importance de la signification de Verdun dans leur histoire locale, régionale et nationale et dans l’histoire de l’Europe.
Les investigations des élèves pourraient s’orienter par exemple autour des questions suivantes :
•    Quelles traces de la Première Guerre mondiale existe-t-il chez moi, dans mon village ou dans ma ville ? (monuments, archives, etc.)
•    Comment le souvenir de la Première Guerre mondiale est-il entretenu ? (11 novembre, anciens combattants, etc.)
•    Que savent mes parents, mes grands-parents de Verdun ?
•    Mes interlocuteurs font-ils un lien entre la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et l’Europe actuelle ?
Début et durée du concours
Le concours sera officiellement lancé pour les élèves à la rentrée, le 1er septembre 2015. Les contributions des élèves devront être envoyées avant le 25 mars 2016, dernier délai.